lu dans le monde du 26.10.2004
"Le chanteur, auteur-compositeur et guitariste Ildo Lobo, grande figure de la musique capverdienne, est mort d'une crise cardiaque mercredi 20 octobre à son domicile de Praia, capitale du Cap-Vert, sur l'île de Santiago. Né à Pedra de Lume, dans l'île de Sal, il était âgé de 51 ans.
A son père, Antoninho Lobo, qui lui transmettra sa double "vocation" de chanteur et de douanier, Ildo Lobo dédie en 1996 son premier album, Nos morna (Lusafrica/BMG). Hommage à celui qu'il accompagnait autrefois dans "les serenatas, ces soirées où l'on chantait entre amis, sans micro, juste avec le c?ur", cet album est aussi le témoignage de son attachement à la morna, le blues du Cap-Vert, popularisé dans le monde par Cesaria Evora.
Avant cet enregistrement, acte fondateur de sa carrière solo, qui sera suivi en 2001 par Intelectual, Ildo Lobo a été pendant plus de vingt ans le chanteur leader du groupe Os Tubaroes (Les Requins), longtemps considéré au Cap-Vert comme le groupe officiel du temps du régime marxiste et, à ce titre, représentant régulièrement le pays à l'étranger.
Ildo Lobo venait d'enregistrer un nouvel album à Paris pendant l'été 2004, accompagné par les musiciens de Cesaria Evora. Incondicional devrait paraître l'année prochaine (sur Lusafrica). Il contient notamment une coladera (autre style musical majeur du Cap-Vert et qui est le pendant joyeux de la morna) écrite par Renato Cardoso.
Assassiné dans des conditions obscures au début des années 1980, celui-ci était l'un des héritiers politiques d'Amilcar Cabral, homme politique guinéen, fondateur du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée portugaise et des îles du Cap-Vert (PAIGC), prônant la lutte armée contre le colon portugais, qui en 1973 avait été lui-même assassiné à Conakry.
Après l'annonce du décès d'Ildo Lobo sur les ondes de la radio publique capverdienne, Manuel Veiga, l'actuel ministre de la culture au Cap-Vert, a rendu hommage à l'?uvre de l'artiste qui chantait : "A mon départ/Je ne veux pas l'amertume/D'une vie rêvée/Mais la joie d'une vie vécue/Bercée par les vagues du destin" (Nha Testamento, dans l'album Nos Morna).
Patrick Labesse |